Les rives de l'Aven

Au printemps et été 2000, à Pont-Aven, j'ai travaillé en référence à une fameuse définition de la modernité en peinture née sur ces bords: la surface plane recouverte de couleurs ... ; cette surface du tableau, je voulais en organiser l'ordre et la composition en m'appuyant sur l'expérience singulière de l'espace (du paysage) rapporté à la surface, et à cette surface précise qu'est la carte.

Les rives de l’Aven: le tracé sinueux de la rivière divise la page en 2 ou 3 parties; le report (par calque) du dessin ouvre les séries de variations, de couleur ou de composition: en conservant la figure de l’Aven (le dessin des deux rives), ou ne retenant qu'une seule rive, ou les écartant au maximum du format, ou encore éventuellement sur 2 feuilles (diptyques). Un tracé rectiligne (mais manuel) limite les surfaces peintes, ménageant une marge plus ou moins large aux bords de la feuille. Et la figure de la ria est toujours orientée verticalement, Nord / Sud: l’axe de la promenade en suivant (en descendant ) l’Aven oriente le dessin depuis le proche, le départ de la promenade, (le bas de la feuille) vers le lointain (haut de la feuille). Le proche et le lointain, ces modalités du regard et de la promenade, ces percepts de l'espace "béant", "en profondeur", sont rapportés à la surface peinte par une composition caractérisée par sa frontalité.

Navigations

Travailler des notions liées au littoral : limites, franges ou bordures, traces, marques et repères, etc ..., et questionner une géométrie poétique de l'espace maritime (celui où, comme on lit dans un livre de marine : « ... ce n'est pas le vent qui change de direction, c'est le paysage qui tourne autour du vent ... »  ) Sur un principe que j'avais appelé « tableau-promenade » , l’espace est représenté par le plan (ici, la carte, le trait de côte) et le sens du déplacement réel dans l'espace détermine la composition. Dans ces paysages côtiers, le vent est l’élément déterminant du motif, et les peintures sont organisées en reprenant la convention de manuels de navigation où le vent est généralement montré "soufflant" du haut de la page . La route suivie, par rapport à la côte et par rapport au vent (l’allure) est transcrite par l'inscription de la composition dans une forme présentant un côté incurvé, lequel arbitrairement désigne la direction possible (le cap), selon l’allure suivie. Le paysage (le trait de côte) s’inscrit alors dans la peinture, suivant le vent et la route .
Ainsi, "le paysage tourne autour du vent " .