1991 & 92. Jardins

Le thème du jardin prolonge une réflexion sur l'espace, sur les relations du tableau et du mur, menée précédemment autour de figures architecturales. Un jardin, classiquement, articule l'espace construit, l'architecture, à l'espace ouvert, sauvage, béant. Comme une architecture, un jardin est d'abord un plan, qui peut être traité picturalement; c'est en quelque manière une architecture destinée à rester à l'état de plan, d'étendue disponible et lisible.

"Versailles nord" : Un plan peut être pris dans tous les sens, et demande à être orienté. Ici, subjectivement, je choisis l'itinéraire de ma promenade in situ comme direction principale, et place ce tracé dans l'axe vertical du tableau: ainsi, sur le plan sans profondeur, la direction suivie par la marche et le regard prend la place (et vaut pour) le rayon visuel principal (ou central) de la projection perspective :le plan-paysage "tourne autour du regard." Double basculement spatial: horizontal/vertical et proche/lointain. (le diptyque : aller et retour).

Les jardins morcelés. Un motif de jardin "à la française" est ramené à ses formes principales; ce sont des jardins élémentaires (quatre parterres et un bassin central). Dans ces petits polyptyques, chaque partie du "dessin", chaque parterre est un objet peint autonome et fragmentaire (ll y a 5 objets-parties). Reconstituée sur (et par) le mur, conditionnée par l'accrochage dans l'espace réel, la figure n'est qu'une « possibilité » du tableau.

1991 à 95. Fabriques

Ce n'est pas une série organisée, mais un ensemble (ou des ensembles) de petits tableaux avec un coin supérieur coupé (allusion au coup de massicot qui, dit-on, sanctionnait les mauvais dessins rejetés par l'enseignement académique). Ce sont des tableaux-objets (petits formats à tranche épaisse, et matière dense), peints par intermittence de 1992 à 96. qui articulent une figuration réduite au minimum et une expérience sensible. D'emblée, cette série est figurative: le motif (architecture vernaculaire de sites industriels, vus depuis la fenêtre de mon atelier à Pantin) se rapproche de l'élévation, ou vue frontale. Presque, puisque la forme trapézoïdale suggère un coté du bâtiment, évoque la troisième dimension: l'oblique est la figure d'une perspective minimum.

1994 à 96. Le petit pan de mur jaune

Un texte:Fabriques.

1993 à 95. Vernaculaires

Une architecture "mineure" : peu complexe, peu dessinée. Quitter le registre des grandes architectures classiques pour des formes simples, vernaculaires, triviales même (comme les "Fabriques"). 
Le motif est un schéma du plan de l'atelier. Il y a deux figures par format, soit 2 à 4 couleurs: par la réduction du nombre des couleurs et les rapprochements binaires, c'est une recherche d'accords simples. Le travail de la peinture ne se réduit pas à des « variations de couleurs » (ce qui peut se faire au plus simple, peinture acrylique passée au rouleau, par exemple). Mon attention, et le plaisir que je prends à cela, se porte plutôt vers la manipulation des pigments, la dimension tactile des supports, l'onctuosité ou la fluidité d'une tempéra, l'éclat d'une surface.

1996-97. Peintures pour le sol

Remettre à plat ce que la peinture redresse. Le tableau redresse à la verticale et transforme en image un espace architectural; mais contrairement à l'espace architectural, disponible et ouvert, l'espace pictural exclu le spectateur : on est toujours en dehors et en face. Prendre en compte le sol du lieu d'exposition, c'est-à-dire cette étendue en avant du tableau, et confronter ainsi la picturalité à un espace qui resterait ouvert (que partageraient l'oeuvre et le spectateur ).Ce travail du sol règle la peinture (pure visibilité) par rapport à l'architecture (espace ouvert, disponible), et au déplacement du spectateur (espace de visibilité).