Depuis 2020: à Riec
Reprendre un travail sur le paysage, à la suite des peintures 2000-2010 (Rivages).
Les motifs, cette fois, ne seront pas des « paysages trouvés », mais des sites d'ici, des lieux que je fréquente très régulièrement, sur le sentier cotier ou sur l'eau. Les roches, la vue sur les rias et la baie, la falaise. Motifs récurrents, connus, observés, dessinés lors de mes promenades dans quelques carnets de dessins.
Un conseil, ne peignez pas trop d'après nature. L'art est une abstration, tirez-la de la nature en rêvant devant et pensez plus à la création qui en résultera... dit Gauguin, dans une letrttre à Schuffennecker.
Peindre les roches. Le paysage observé (tel que dessiné dans les carnets de croquis) est ensuite recomposé, par l'emploi d'un dispositif formel simple, qui commence par le choix du format, le carré, et une composition récurrente, horizon au milieu et motif centré (c'est à dire la reprise du dispositif des ensembles Rivages des années 2000). Ici, la partie inférieure de la surface montre un motif, rocher, espae proche fait d'herbe et de pierres affleurantes, la partie supérieure suggère l'espace lointain, mer, ciel, ou paysage, une pointe, l'autre rive de la ria. Puis ce carré est doublé pour obtenir un format vertical, créant une tension avec l'habituelle horizontalité du paysage. De deux manières : d'une part en diptyque superposé (deux carrés, la jointure marquant l'horizon) ; ce dispositif en diptyque, deux parties haut et bas indépendantes, permet des recompositions, des permutations : c'est le travail pictural, la couleur, qui va relier, unfier ou opposer les deux espaces. Et d'autre part, un format en hauteur d'un seul tenant, qui redouble le shéma en carré : au 1er plan les roches, puis la mer (la ria), et, 3ème plan, le paysage lointain (l'autre rive), et enfin le ciel.
Le proche et le lointain. Une approche théorique contemporaine du paysage distingue l'espace proche, celui où l'on se meut, kinesthésique, olfactif, sonore et tactile autant que visuel, et l'espace lointain, uniquement visuel. (B Lassus). L'histoire de la peinture montre comment le paysage (avant de devenir un genre autonome) fait entrer le « lointain » (et ce, littéralement, par la fenetre) dans l'espace proche des personnages et de l'action. La pratique de la peinture associe également cette dimension tactile, la matière, la touche, le geste, et ce recul du regard, cette mise à distance qui permet à l'image d'advenir.