Frises (1987-1989)

1987. Bustes.

Peindre des fragments : plutôt qu'une représentation fragmentée et lacunaire (les lambeaux de peinture), représenter des fragments, des vestiges, des morceaux. Ces bustes antiques sont des blocs dont toutes les excroissances (possiblement descriptives ou anecdotiques: les membres) ont été brisées : des sculptures "modernisées", en quelque sorte. L'image double offre une possibilité d'extension, de dédoublement, à l'infini ... (au contraire du triptyque qui désigne le centre) : elle amorce une frise. C'est aussi le signe d'une structure duelle qui traverse ma peinture : ancien/moderne, figure/fond, mur/tableau, etc.

1987. Canéphores.

Prolongation de la série des "bustes" : des images doubles, avec enchaînement en frise, et une organisation colorée restreinte. J'ai cherché à ne plus représenter des fragments, mais à retrouver dans le motif même l'idée de fragmentaire, de morceau d'un ensemble. Le motif (reprises: les Nymphes de Gougeon, les panneaux décoratifs de Braque) sont une référence directe à la thématique décorative, et marquent la continuité de l'idée de muralité; le drapé est un effet de formes et de lignes abstraites (ou décoratives) qui « paraphrasent » le corps. Couleur: systématiquement, chaque tableau est construit sur les variations d'une seule teinte (pigment ou matière), ex: terre d'Ombre naturelle & brûlée. Ce qui permet de rendre sa densité au plan de peinture: égale intensité du fond et des figures, idée de bas-relief plutôt que de masse. Le champ coloré s'arrête juste avant le bord, c'est à dire que le bord ne vient pas couper le plan de couleur; c'est à la fois faire jouer l'inachevé, le fragmentaire, et dire la stratification de la peinture, du support et de la surface.

1987. Les figures de bas-reliefs.

Catégorie particulière de la sculpture, le bas-relief relève plus, il me semble, du pictural que du volume: les figures sont reliées à un fond, et la surface se regarde frontalement, comme un tableau. Et les reliefs antiques (sarcophages ou décors de monuments) avec leur figures déployées en frise sont le prototype d'une structure de composition classique, de Giotto à Poussin et à Cézanne.

Ces peintures reprennent les thèmes des peintures murales des années précédentes: l'enduit y est métaphore du mur, et le non-peint signe du fragmentaire. Une partie de la surface est recouverte d'un enduit de sable, agglutiné avec le même médium (acétate de vinyle) que les pigments: une matière entre l'enduit et la peinture.

1988. Frises.

Ces frises sont composées de petits tableaux séparés; ce sont, non virtuellement mais concrètement, des « installations », qui entrent par l'accrochage dans un rapport affirmé avec l'architecture: au ras du plafond.

1989. Frises et architecture.

L'accrochage au ras du plafond des frises invite à une désignation supplémentaire du mur: le peindre, ou compléter la frise par un monochrome, qui serait métaphore du mur...Reprendre ce qui est induit par la petite frise d'octobre sur un tableau "grand format". Une suite de figures de petite taille, formant frise et groupées rythmiquement, est mise en situation, "installée", en haut d'un tableau. La frise est peinte en noir et blanc (dessin au fusain et blanc plâtreux) sur un fond de couleur; la facture en est mesurée, les figures groupées selon différents rythmes. La partie inférieure de chaque toile est déclinée en une série de monochromes, mais la littéralité en est déplacée: ces surfaces ne sont pas autoréférentielles, ces monochromes sont comme des représentations du mur qu'ils recouvrent et qu'ils désignent.

Puis la partie « monochrome qui évoque un mur est divisée par un schéma figuratif, qui encore renvoie à l'architecture.